Dans un contexte où la digitalisation des échanges de données est omniprésente, les cabinets comptables, en raison de la nature même de leurs activités, sont extrêmement vulnérables aux cyberattaques. L’attrait que présentent les données de ces entreprises, les données personnelles et surtout les données et accès bancaires qu’ils détiennent, en fait des cibles privilégiées pour les pirates informatiques. Ainsi, un piratage dans le domaine comptable peut avoir des conséquences désastreuses : perte de données, atteinte à la réputation du cabinet d’expertise comptable ou encore poursuites engagées par des clients visés via le cabinet. Nous allons voir dans cet article quels sont les risques et comment protéger votre cabinet efficacement en cas de cyberattaque.
Derrière les chiffres, une réalité inquiétante : les cyberattaques ciblent vos données
Cette vulnérabilité, liée à la nature de l’activité des cabinets d’expertise comptable, est bien connue des hackers. Elle est renforcée par le fait que ces cabinets sont souvent des TPE-PME, considérées comme moins protégées. C’est ce qui explique l’intensification des attaques observée ces derniers mois.
L’ANSSI dans son panorama de la cybermenace 2024, attire l’attention sur le fait que les attaques visent désormais les sous-traitants critiques des grands donneurs d’ordres, souvent mieux protégés.
Les cyberattaques prennent plusieurs formes pour compromettre la sécurité des systèmes d’information. Parmi les menaces les plus courantes, on retrouve :
- Les fuites d’informations : références bancaires et données personnelles de clients. Un piratage peut entraîner leur divulgation ou leur usage frauduleux, mettant en péril votre activité et l’image de vos clients.
- Le phishing, le vol d’identité et la fraude au virement : ces techniques servent à dérober des informations confidentielles ou des accès de connexion. Un collaborateur peut divulguer ses identifiants en cliquant sur un lien frauduleux. Les conséquences peuvent être dramatiques, notamment en cas de fraude au virement entraînant la perte de fonds.
Ces risques peuvent avoir des conséquences financières et légales lourdes pour votre cabinet.
Fuite de données, arrêt d’activité, pertes financières : l’addition peut être salée
Une cyberattaque peut avoir des répercussions bien au-delà de la simple atteinte à la réputation. La perte de confiance des clients est une conséquence directe d’une brèche de sécurité. En tant qu’expert-comptable, vous devez respecter des obligations légales strictes en matière de protection des données.
La CNIL et le RGPD encadrent le traitement des données personnelles. Un manquement peut entraîner de lourdes amendes. Les impacts opérationnels sur votre activité et celle de vos clients, par effet de rebond, peuvent paralyser totalement l’organisation.
Conséquences opérationnelles et juridiques :
- Fuites de données : divulgation d’informations confidentielles (données personnelles, informations financières, secrets commerciaux, informations RH) pouvant entraîner une perte de confiance, des poursuites et des amendes.
- Interruption de l’activité : un piratage peut rendre vos systèmes inaccessibles et paralyser le cabinet. Cela entraîne des pertes financières importantes et un investissement considérable pour restaurer les données.
- Dégâts réputationnels : la confiance est le pilier d’un cabinet d’expertise comptable. Une attaque peut ternir durablement cette image.
- Sanctions réglementaires : le non-respect des obligations (RGPD) expose à des sanctions financières. Les clients peuvent aussi déposer plainte si le préjudice les a touchés, ce qui peut mener à des accusations de négligence.
Face à ces conséquences, agir rapidement est impératif pour minimiser l’impact et préserver la confiance de vos clients.
Cyberattaque : comment réagir quand tout bascule ?
Votre cabinet est touché ? Voici les actions à mettre en place immédiatement pour limiter les dégâts.
La détection d’une cyberattaque nécessite une réaction rapide et coordonnée :
- Mettre en quarantaine les appareils affectés. Déconnectez immédiatement les ordinateurs, serveurs et périphériques du réseau. Coupez leur accès à Internet pour éviter la propagation, mais laissez-les allumés pour conserver les preuves.
- Contacter vos experts en cybersécurité pour identifier l’origine, évaluer les dommages et contenir l’attaque.
- Sauvegarder les preuves (logs, fichiers infectés, captures d’écran) pour faciliter l’enquête et identifier les responsabilités.
- Notifier les autorités. Déposez plainte et informez la CNIL dans les 72 heures en cas de fuite de données personnelles.
- Informer collaborateurs et clients des mesures prises pour protéger leurs données et des informations potentiellement compromises.
Agir rapidement permet de limiter les conséquences et de préserver la sécurité des données.
Après la tempête : restaurer la sécurité de votre cabinet
Une fois l’attaque sous contrôle, renforcez la sécurité de votre système d’information pour éviter toute nouvelle intrusion. Remettez progressivement en production votre informatique. Toute négligence ou précipitation peut vous ramener à la case départ en reconnectant un équipement encore compromis.
Mise à jour complète des logiciels et systèmes
- Ré installation propre des systèmes infectés (après collecte des preuves) sur la base de vos sauvegardes.
- Patch de toutes les vulnérabilités. Appliquez sans délai toutes les mises à jour de sécurité disponibles pour vos systèmes d’exploitation, applications, antivirus et autres logiciels.
- Mise à jour des firmwares. Vérifiez et mettez à jour les firmwares de vos équipements réseau (routeurs, switches) et de vos périphériques (imprimantes, etc.).
Renforcement de l’authentification
- Mots de passe forts et uniques. Imposez des mots de passe complexes et uniques pour chaque compte. Encouragez vos collaborateurs à utiliser des gestionnaires de mots de passe. N’utiliser plus les anciens mots de passe, car ils sont connus des attaquants.
- Authentification à deux facteurs (2FA). Activez l’authentification à deux facteurs sur tous les comptes pour ajouter une couche de sécurité supplémentaire, lorsque c’est possible.
- Vérification des droits d’accès : réévaluez les droits d’accès de chaque utilisateur et supprimez les privilèges inutiles.
Sécurisation des sauvegardes
- Tests réguliers des sauvegardes. Assurez-vous que vos sauvegardes sont fonctionnelles et que vous pouvez restaurer vos données en cas de besoin.
- Stockage des sauvegardes hors ligne. Conservez une copie de vos sauvegardes sur un support physique ou dans un cloud sécurisé pour les protéger contre les rançongiciels.
Formation des collaborateurs
- Organisation de formations régulières pour sensibiliser vos collaborateurs aux risques liés à la cybercriminalité et aux bonnes pratiques de sécurité (reconnaissance des phishing, gestion des mots de passe, etc.).
- Organiser des échanges internes afin de parer au “shaming” (honte d’avoir fauté) et impliquer ainsi les collaborateurs.
Surveillance continue
- Mise en place d’un système de surveillance. Implémentez des outils de surveillance pour détecter les anomalies et les activités suspectes sur votre réseau.
- Analyse des logs : analysez régulièrement les logs de sécurité (historique d’activité) de votre système informatique pour repérer d’éventuelles tentatives d’intrusion.
Vous l’avez compris, la sécurité informatique est un processus continu. En mettant en œuvre ces mesures, vous renforcerez significativement la protection de votre cabinet contre les cyberattaques et préservez la confidentialité de vos données.
La cybersécurité, un marathon plus qu’un sprint : les outils et pratiques indispensable à adopter en continu
Comment anticiper les attaques futures et protéger durablement votre cabinet ?
Sensibilisation des collaborateurs
- Formations régulières sur les menaces courantes (phishing, ransomware, etc.) et les bonnes pratiques (gestion des mots de passe, manipulation des pièces jointes, etc.).
- Simulations d’attaques pour évaluer la vigilance et détecter les points faibles.
Gestion des accès
- Contrôle d’accès strict : limitez l’accès aux ressources informatiques selon les rôles et besoins.
- Principe du moindre privilège : donnez uniquement les droits nécessaires pour limiter les dégâts d’un logiciel malveillant.
Sauvegardes régulières et testées
- Planifiez des sauvegardes fréquentes des données critiques (comptabilité, clients, etc.).
- Testez la restauration pour vous assurer que les fichiers sont exploitables.
Continuité et reprise d’activité
- Élaborez un plan de continuité d’activité pour maintenir les opérations pendant et après une attaque.
- Intégrez un PRA (Plan de Reprise d’Activité informatique) pour restaurer rapidement les systèmes, données et applications critiques.
Solutions de sécurité robustes
- Pare-feu performant pour filtrer le trafic réseau entrant et sortant.
- Systèmes de prévention d’intrusion (IPS) pour bloquer les attaques en temps réel.
- Antivirus et anti-malware à jour sur tous les postes et serveurs.
Investir dans des solutions avancées
Pour assurer une protection optimale à long terme :
- Endpoint Detection and Response (EDR) : surveille et protège tous les terminaux connectés.
- Security Operations Center (SOC) : équipe d’experts qui surveille en continu et réagit rapidement aux incidents.
EDR et SOC, combinés, offrent une protection complète. Le SOC analyse les alertes de l’EDR et identifie les scénarios d’attaque.
Vous l’aurez compris, face à la menace croissante des cyberattaques, il est crucial pour les cabinets comptables de connaître les bons réflexes à adopter en cas de piratage. En appliquant les mesures de sécurité adéquates avant l’attaque, en disposant des bons réflexes lors du sinistre. En sensibilisant les équipes aux risques, vous pouvez minimiser l’impact d’une attaque et protéger la sécurité des données de vos clients.
Restez vigilant et assurez-vous que votre cabinet est toujours prêt à faire face à une cyber menace et rappelez-vous que le première ligne de défenses est votre équipe et vous-même.